Monsieur le Délégué, Mesdames, Messieurs,

Nous faisons le bilan, à l'occasion de ce CTR de fin d'année, d'une année 2020 éprouvante pour les agents à un niveau assurément jamais atteint depuis la création de la DGA. Les agents sont las de risques, de contraintes, d'entraves dans l'exercice de leur activité, suivis d'injonctions de reprises effrénées, un jour sur leur lieu de travail, le lendemain à leur domicile, tendant l'oreille pour s'efforcer de saisir un mot sur deux de la conférence téléphonique de laquelle ils viennent de se trouver déconnectés pour la 3° fois.

Certes, la crise sanitaire est la responsable majeure de ce contexte. Certes, la DGA - et nous l'avons déjà souligné - a fait de son mieux pour traverser la première période de confinement en préservant efficacement la santé de ses agents.

Puis il a fallu commencer à résorber la dette organique. Et inexorablement, la machine DGA s'est progressivement détournée des agents, pour se recentrer sur la reprise des activités à 100% de son taux de productivité, dans un contexte pourtant loin d'être redevenu nominal.

Un second facteur de crise, organisationnel cette fois, a alors ressurgi : la très nette surcharge de travail découlant d'une LPM tout aussi survitaminée en budget, qu'elle est démunie en effectifs. Cette surcharge avait commencé à porter atteinte au moral des équipes dès l'année 2019. Le premier confinement l'avait mise entre parenthèses l'espace de quelques mois. Mais elle est revenue doublement à la charge depuis quelques semaines sachant qu'il nous faudrait afficher une productivité exemplaire, tout en télétravaillant à hauteur des ratios fixés par le gouvernement, en étant de surcroît, équipés de moyens de connexion parfois dysfonctionnels, lorsqu'ils ne sont pas inexistants.

C'en est trop, l'équation est devenue insoluble pour la plupart des agents. La LPM permet d'engranger quelques 30% de programmes en plus. Leurs lancements s'enchaînent à une cadence encore jamais atteinte, si bien que les sollicitations arrivent de toutes parts auprès des experts et architectes des centres de la DT. Il leur faut alors accepter cette surcharge au risque de travailler jours et nuits, ou apprendre à dire "non" au client, ce qui n'est pas dans la culture DGA. Tiraillés entre le surmenage et la crainte de décevoir, d'avoir à bâcler leur travail, les agents sont à cran. Les querelles sont quotidiennes, le nombre de situations de RPS grimpe en flèche, les décisions sont prises à l'emporte-pièce, chacun se referme sur lui-même. Le temps qui manque à chacun ne permet plus le débat d'idées, l'entraide, le partage et l'accompagnement. Encore plus alarmant, outre les risques psycho-sociaux, le surmenage a désormais amené son lot d'accidents cardio-vasculaires avérés, pour ne pas dire de décès.

La situation des agents n’est pas plus réjouissante au sein des autres directions et de nos services de soutien, au moins autant sollicités et en surcharge de travail, que les personnels de la DT.

L’UNSA Défense est inquiète pour la santé du personnel de la DGA. Nous devons tous assumer nos responsabilités. Il nous incombe de vous alerter face à ce que nous vivons sur le terrain à proximité des agents, face à notre constat alarmant du mal-être ambiant, conduisant à des situations de RPS en forte augmentation !

Jusqu'à quand Bercy va-t-il laisser les agents de la DGA mettre en péril leurs vies ? Le coût d'intervention de la DGA était déjà, avant ce régime forcené auquel on tente de nous astreindre, parmi les plus bas des agences de l'Etat. Vouloir encore réduire les ressources nécessaires à la conduite de chaque programme, relève tout simplement de l'infaisable. Nous étions effectivement à l'os, comme le décrivait votre prédécesseur avant la présente LPM, le squelette de la DGA est désormais en train de s'écrouler sous la charge, que cette dernière lui applique.

Face à cette insuffisance criante des effectifs, des petites aumônes du gouvernement ont été consenties. Très schématiquement, il s'agit de plus 5% à l'été 2019 et d'environ 5% supplémentaires en 2020. Soit 1000 agents au total sur la DGA, pour fixer les idées. Regardons alors les effectifs de la DT : ceux-ci stagnent autour de 6500 agents depuis une dizaine d'années avec une précision digne d'une montre suisse. On peut alors s'interroger sur l'affectation des 10% de renforts annoncés. Ces chiffres masquent les réels besoins en effectifs supplémentaires de la DGA. Quand nos décideurs en prendront-ils conscience ?  

Les refus de prestations, les moins prioritaires espérons-le, que les centres sont contraints d'opposer de plus en plus fréquemment aux programmes, constituent une autorégulation innée du système, une sorte d'instinct de survie. Ce faisant, les centres sont livrés à eux-mêmes dans un processus subi et non conduit. Cette régulation par le bas, non vraiment planifiée, puisqu’intervenant en tant que de besoin, s'ajoute à la charge de travail des centres ainsi qu'à la charge nerveuse des équipes, et grève encore plus leurs capacités productives. Il convient de veiller à ce qu'une spirale d'improductivité ne s'amorce pas.

Puisque tout est affaire de budget, sauf pour les programmes richement dotés, venons-en aux mesures catégorielles qui affichent de nouveau une baisse significative cette année. Peut-on sérieusement envisager de fidéliser nos agents en leur faisant l'aumône ? Les salaires divergent du privé et ne suivent absolument plus le coût de la vie. Qui peut sérieusement croire que la DGA va conserver ses ingénieurs, ses techniciens, ses agents qui sont absolument nécessaires à l'accomplissement de ces missions en les rémunérant très en dessous du cours du marché, dans un contexte de travail où les contraintes, le stress et le surmenage se font grandissants ?

La ministre des armées a annoncé la mise en place de l’agence du numérique début 2021, rattachée au Délégué général pour l’armement (DGA), cette nouvelle organisation sera dirigée par un conseil d’orientation et de gestion associant l’ensemble de ses clients internes : les états-majors, directions et services du ministère des Armées. Comment le fonctionnement de cette agence va-t-il s’articuler ? Quelle va être la contribution de la DGA en terme d’effectif pour cette agence ?

Enfin, l'UNSA défense fait part de toute sa perplexité face aux lignes directrices de gestion, nouveau dispositif déployé cette année pour encadrer les travaux d'avancement des fonctionnaires. Les représentants du personnel ne peuvent plus jouer leur rôle régulateur en CAP. Nous avons constaté à plusieurs reprises que des services de la DGA s'étaient retrouvés forts démunis quant à la marche à suivre face à ce nouveau cadre imposé. Le fait que l'administration procède désormais seule aux travaux d'avancement, sans le garde-fou des représentants du personnel, impose de sa part une maîtrise parfaite du dispositif, ne laissant aucune place à la moindre inégalité de traitement entre les agents méritant un avancement. L'UNSA défense y veillera.

Nous vous remercions de votre attention.